Si l’utilisation de bois ronds caractérise les premières charpentes, l’équarrissage (“mise à l’équerre” ou transformation d’une grume en parallélépipède) a permis son véritable essor. Cette transformation s’est faite, jusqu’à l’ère industrielle, aux moyens de haches. Hormis les particularités régionales du type de hache ou de la méthode utilisée, l’équarrisseur laisse sur le bois une emprunte caractéristique, la trace de l’homme, à la fois personnelle et universelle qui donne à l’ouvrage un peu de cette âme qui manque tant aux constructions standardisée machinées.
Loin d’être une pratique de “témoignage » l’équarrissage manuel répond aux enjeux écologiques actuels ; sans parler de son faible impact sur l’environnement et de ses faibles nuisances sonores, il permet de valoriser des bois au rendement trop faible pour être sciés.
Du fait que l’arbre est choisi en fonction de la poutre à produire, que le geste manuel permet de suivre les courbes, de l’arbre et que les méthodes de tracé (piquage) et de taille permettent de valoriser ce qui est prit en conventionnel comme des défauts, nous pouvons utiliser des bois jeunes, tordus, courbes qui autrement partiraient en fumée (plaquettes, granules buches).
Cette pratique va de pair avec une gestion raisonnée du parc forestier ; on équarri généralement sur place sans avoir besoin de coupes rases dû à l’utilisation d’engins, le débardage pouvant s’effectuer à l’aide de chevaux ou trinqueballe.
La technique la plus rependue consiste à tracer de part et d’autres de la grume, d’aplomb, la section que nous souhaitons obtenir. Ensuite nous battons un cordeau reliant un angle à l’autre qui nous donne le plan d’une face de la poutre. Quelques fois, notamment lorsque les entailles sont faites à la scie ou à la tronçonneuse, on bat au cordeaux la ligne qui relie les angles opposés mais dans le même plan.
La suite de l’opération consiste à produire des entailles, généralement tous les pieds (ou 30cm), d’aplomb si l’on travaille avec une seule ligne du plan ou reliant les deux lignes si on entaille à la tronçonneuse.
Une fois les entailles faites, nous faisons sauter les partie de bois restante (claps) à l’aide d’une grande hache, (de préférence à un seul biseau)
Reste la finition; nous l’obtiendrons à l’aide d’une hache de la famille des doloires (hache à un seul biseau et au manche déporté). Nous avons une prédilection pour la BreitBeil de nos cousins Germains et son rendu inégalable.
Bien sûr, il existe, en fonction des régions ou des pays, de nombreuse techniques et une diversité de haches qui leurs sont dédiées. Au japon, par exemple, l’équarrissage se pratique principalement debout sur la grume et pieds nus avec une hache (Masakari) dont le taillant fait souvent la même taille que la poutre. Ces caractéristiques laissent une trace unique, on peut ainsi déterminer, dans un ouvrage, avec précision les bois travaillés par un même artisan (type de hache, manière d’équarrir, état de la hache: affutage, état de la lame)
Bonjour, Je consacre un chapitre de mon site (les migrants saisonniers retrouvés dans un petit village de Brie) aux scieurs de long du Forez. J’ai apprécié votre page sur l’équarissage à la hache, tel qu’il se pratiquait voici deux cents ans. Pourriez-vous m’autoriser à utiliser une photographie pour illustrer un paragraphe sur les “écarisseurs”? en n’oubliant pas de vous citer et de faire un lien vers cette page.
Cordialement. Jean Bernard Duval
Bonjour, je vous remercie pour votre politesse. Vous pouvez utiliser nos photographies pour vos articles sans problème.
Je peux aussi vous en fournir d’autres que je n’ai pas publiés si vous avez besoins. En tout cas je prends note de votre site qui à l’air très inintéressant.
Cordialement.
Son site a l’air inintéressant ou plutôt intéressant? Héhé!
Je taquine bien sûr! Car votre site et votre travail est remarquable!
Bonjour,
Après avoir consulté votre intéressant site, je désire acheter des bons outils pour l’équarrissage du bois (Hache et doloire)
Avez-vous des adresses à me donner, plutôt en France.
Merci pour votre retour.
Bien cordialement
Louis Olivieri
Bonjour,
Vous avez quelques forgerons qui font encore des doloires artisanales comme la Taillanderie Claudel (je n’ai pas les autres noms en tête..) . Vous avez aussi des entreprises “historiques” comme Gransfors ou Wetterlings .Ceci dit nos outils proviennent, bien souvent, de brocantes ou de sites d’annonce comme Ebay.
Bonjour, je m’occupe de la communication facebook d’une association “les amis de Sally la Salamandre” en Dordogne, nous participons au festival “les nuits des Forêts” du 24 au 26 juin. Nous organisons des ateliers et l’un de nos intervenants est charpentier traditionnel. il va faire une démonstration d’équarrissage à la hache le vendredi après midi et je souhaiterai utiliser quelques lignes de votre texte qui, à mon sens, explique clairement en quoi consiste cet artisanat. m’autorisez-vous à le faire? Je peux citer votre blog dans la publication, merci et bonne journée, Maud
Bonjour, excellent article,
Avez vous des livres sur le sujet qui traite également le travail en amont, de l’abattage de l’arbre, des différents outils manuel pour positionner et déplacer les grumes mais également, la mise en place et les différents assemblages une fois la poutre sortie.
Merci d’avance
Bonjour,
Je vous remercie pour ce retour. Sur le travail à la hache, vous avez les ouvrages de Francois Calame . Pour le reste,on trouve des éléments dans la plupart des traités de charpente, dont beaucoup sont accessibles en ligne, (ex; Traité de charpente par J.Adhémar mais le piquage reste une pratique transmise en atelier et quelquefois à l’école. Sur le bucheronnage avec des outils “simple” je vous conseil ce petit fascicule très bien fait; Outils et machines simples d’exploitation forestière . Il existe d’autres ouvrages qui abordent ces questions sous d’autres angles (comme ceux de Frédéric Epaud par ex.). Ce n’est pas une réponse exhaustif, mais j’espère que ces quelques pistes vous aideront dans vos recherche.
Cordialement.
Mohammad.